On est en mode doodle en ce moment, et on se disait que l’on pouvait ajouter le travail de Yoldie dans cette catégorie. Puis finalement, avoir son point de vue, son expérience et les images qui vont avec, c’est bien mieux !
Yoldie est Alice à la ville. Il y a quelques temps, elle a fait le pas, elle a choisi de ne faire que du dessin pour vivre. Elle enchaîne les projets, bouge à droite à gauche, anime des ateliers et participe aux festivals où on l’invite. Motivée et motivante, ses dessins, ses images sont des volutes et arabesques précises qui sont harmonieuses et tout en rondeur.
On la retrouve sur papier, sur le mur ou sur des objets, et après une période collage / street art, elle est de plus en plus à l’aise dans son atelier, pour créer au calme, en silence, avec une concentration dédiée. En voici un peu plus sur cette jeune femme de plus en plus attirée par la couleur et ses perspectives.
Ton dessin, ce sont souvent des volutes, d’où vient cette inspiration ?
Mon art est composé d’une accumulation de lignes formant des volutes en effet, des fleurs, un objet organique. J’ai développé un langage graphique qui m’est propre, c’est intuitif et basé sur l’émotion qui me traverse pendant la composition. Mon processus de création est méditatif, je ne sais jamais quelle direction va prendre le dessin. Je trace ma ligne à la façon dont un musicien tient une note et l’œuvre prend corps petit à petit, formant une mélodie visuelle improvisée.
Dans mes dessins, je cherche à poser une énergie, à la matérialiser entre les lignes que je trace, à capter un moment, une émotion. Selon mes humeurs mes compositions peuvent être saturées et très contrastées ou encore aériennes, légères.
Peux-tu expliquer comment on fait ce type de dessin ?
Premièrement le choix du support est très important pour un tracé impeccable. Grâce aux POSCA on peut faire des lignes sur de multiples supports. Sur papier, on le choisira très lisse, pareil pour les murs, vitres, bois ; c’est la texture qui compte pour avoir un geste parfait.
Deuxièmement s’appliquer à bien amorcer son marqueur avant de tracer une ligne, c’est un détail très important pour avoir un rendu parfait : il faut éviter de repasser les lignes plusieurs fois. C’est un art gestuel intuitif, accumulez les lignes et faites les prendre la direction que vous inspire votre énergie à ce moment T, tout est question d’intuition et d’émotion !
Pour le papier
PC-1MR : la perfection du tracé, meilleur stylo au monde.
PC-3M : très bon pour contraster les traits. Utiliser un marqueur usé, presque vide pour faire les ombres, en frottant la pointe, c’est top.
Pour le mur
mon chouchou absolu : le PC-7M pointe ronde, il est inégalable pour tracer des courbes parfaites, des lignes régulières. La pointe caresse le mur sans heurts, c’est mon outil préféré chez POSCA. La densité du noir est parfaite et le rendu mat me plaît beaucoup. Le PC-5M est excellent également et il permet de varier la taille de mes lignes ou d’effectuer des corrections minutieuses.
C’est intéressant avec POSCA de varier entre marqueur noir sur support blanc et marqueur blanc sur support noir ; ou sur un support de couleur puisque POSCA est couvrant.
Ce sont des dessins qui sont longs à faire, précis ; tu as un tempérament plutôt énergique, tu penses que c’est lié ?
Exactement, c’est une pratique méditative qui me fait beaucoup de bien. Je me sens entièrement canalisée par ce langage graphique qui se dessine progressivement lors de mes compositions. Dans mes dessins, je cherche à poser une énergie, à la matérialiser entre les lignes que je trace.
Tu dessines sur des petites surfaces et sur des murs, quels sont les trucs pour réussir son dessin ?
Encore une fois, il s’agit de lâcher prise et de donner libre cours à ses intuitions, se concentrer sur sa gestuelle comme pour danser avec son marqueur. La prise de recul est très importante, il faut constamment observer les énergies qui se dégagent de l’œuvre et leur faire prendre les bonnes directions.
Tu fais plus de noir et blanc, c’est une période ? Une évolution ?
Non, justement ! Depuis mes débuts je suis en noir et blanc 90% du temps ! J’ai un faible pour la pureté des contrastes, tout y est plus évident pour moi. Le passage à la couleur se fait progressivement et les POSCA sont supers pour ça, avec les nouvelles teintes je m’éclate quand je décide d’utiliser des couleurs !
Tu avais un métier que l’on qualifiera de classique, tu as fait le pas pour être artiste à plein temps, quel est le conseil que tu donnerais à quelqu’un qui souhaite faire de même ?
J’étais éducatrice spécialisée et ma pratique artistique a toujours accompagné ce travail. J’ai bossé avec des jeunes en difficulté, des personnes SDF, des personnes autistes ou encore handicapées. Je faisais avec eux des ateliers de dessin, ce qui permet de matérialiser des émotions, et ça parle à tout le monde.
Le lien entre mon ancienne profession et celle d’artiste est évident, aujourd’hui j’anime beaucoup d’ateliers pour transmettre ma passion et mon art. Depuis des années mes dessins accompagnent ma vie au quotidien, je ne passe pas une journée sans tracer mes lignes. Mon conseil : vivez votre passion à fond et le reste suivra !
DU 16 OCTOBRE AU 29 NOVEMBRE 2020
C’est non loin de Nantes, à Orvault plus précisément, qu’une entreprise à mis à disposition d’artistes une maison avant rénovation totale. Intitulé Golden Age, Yoldie a fait partie des sélectionnés pour y travailler et s’approprier quelques murs. Et un bout de la façade qu’elle a partagée avec ses collègues du moment. Un lieu de street art éphémère investi par 10 artistes et qui est désormais ouvert au public. Voici ce qu’elle nous a confié concernant ce projet :
« En ce qui concerne mon couloir le titre est Black is the new gold. Mon art est abstrait, émotionnel et intuitif. Chaque ligne tracée est une parcelle d’émotion matérialisée par mon langage graphique. Les échanges entre artistes lors de cette résidence m’ont imprégnée, habitée, accompagnée vers mon œuvre que j’ai voulue immersive, totale et dense. J’ai traité le thème de l’âge d’or en dépeignant une jungle fertile et abondante qui durant cette période nourrissait les dieux, les animaux et les hommes. »
TOUTES LES INFORMATIONS
[Les photographies sont de https://www.fersensherkann.com]