Il y a beaucoup à dire sur ces deux-là. Père et fils ont participé à casser les codes du comics américains et inspirés les mouvements à venir qui ont démocratisé le dessin, sur les murs et les grands écrans. C’est à travers les magazines devenus cultes que sont Heavy Metal, Cobalt 60, Gothic Blimp Works ou Galaxy Science Fiction, que leurs images ont changé la donne.
Vaughn est le père, un américain né pendant la guerre, qui devient illustrateur de BD et révolutionne, avec d’autres, le genre. Ses personnages sont délirants et vivent des aventures psychédéliques. On est dans les années 60, décennie pendant laquelle l’Amérique change de monde et les codes culturels explosent.
Bodé père fait partie de ceux qui vont définir un nouveau style dans les magazines de bandes dessinées où la science-fiction est désordonnée et apocalyptique, les extraterrestres patauds et comiques. Ses personnages vont influencer nombre d’artistes, dont le cinéaste d’animation Ralph Bakshi, la toute première vague des writers new-yorkais, tout en accompagnant la décadence des baby-boomers. Rien que ça !
C’est via la galerie ADDA, qui représente aussi l’artiste GREMS, que Mark Bodé expose à la Villa Molitor. Un hôtel rétro de luxe dans lequel trône, notamment, une Rolls-Royce customisée par JonOne et on y a vu récemment une exposition de Katre. Et une magnifique piscine. Un lieu où l’art à une place de choix dès l’entrée.
Jusqu’au 28 mai 2023 vous pourrez apprécier les dessins de Mark Bodé, ainsi que ceux de son père Vaughn. Un moment exceptionnel car il est rare qu’un fils artiste ait un parcours si proche de celui de son père qu’il fasse vivre son héritage en exposant à ses côtés.
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Mark Bodé, le fils, nait en 1963 et n’a que 12 ans quand son père meurt. Il devient à son tour dessinateur ayant grandi avec des feutres entre les doigts. Et il reprend là où son père s’est arrêté. Ainsi il finalise des travaux en cours et perpétue les aventures de Cheech Wizard et des autres. Notamment sur les murs de New York au moment de l’explosion du graffiti, ce qui le fait atterrir dans les classiques livres Spray Can Art et Subway Art, si chers aux graffiteurs de la planète. On en avait parlé avec ALËXONE qui se souvient précisément de leur emplacement à la FNAC des Halles.
Comme son père, Mark a une appétence pour les femmes dénudées qu’il dessine plantureuses et il aime user ses feutres POSCA sur le plan (en papier) du subway new-yorkais, inépuisable source d’inspiration que l’on retrouve chez cette première génération d’artistes urbains de la Grosse Pomme. Son trait, ses dessins sont hip-hop et colorés, explosifs et foutraques. Tout comme son géniteur, on n’est pas très loin d’un Druillet ou Moebius, les pendants français de ce mouvement, avec qui des ponts vont se créer.
[les images proviennent du site de Mark Bodé]