L’artiste NASTY est tout sauf méchant. Pour choisir ce nom il a tout simplement ouvert un dictionnaire anglais et ces cinq lettres ont retenu son attention. Il savait qu’il allait les copier, parfaire et sublimer, avant de les répéter sur les murs de Paris, illégalement. Et sur les rames du métro, un certain Graal pour qui a commencé tag et graffiti à la fin des années 80.
Il fait partie des jeunes de la première vague du graffiti français, il participe à la colorisation de cette décennie fluo et fun qui prend un coup de jeunes avec une politique tournée vers l’avenir. Il peint et calligraphie, intègre des crews – collectifs de graffeurs– dont AEC (Artiste En Cavale) et CP5. Il croise le fameux new-yorkais JonOne, déjà un ancien qui le fait rêver. NASTY ira naturellement vers la toile après sa rencontre avec la galeriste Magda Danysz [qui était au commissariat de l’exposition parisienne de street art CAPITALE(S)], elle ouvre une galerie dédiée, que l’on retrouve aujourd’hui rue Amelot à Paris.
L’artiste parisien choisira néanmoins de vivre avec un travail normal plutôt que de se jeter à corps perdu dans l’art. Ce qui lui donnera une indépendance créative totale et gardera sa passion intacte. Il creuse son propre sillon sans avoir de contraintes et de pressions.
Néanmoins, il reste attaché au métro et ses wagons, et depuis quelques années, ayant passé l’âge de crapahuter, il (sub-)utilise les panneaux de signalisation comme supports pour apposer ses volutes bombées et ses tags perfectionnés. Il récupère aussi les plans des lignes en papier, et après son passage, les trajets changent de couleurs et les noms des stations sont biffés, NASTY s’accapare ces souterrains à sa manière. Un moment de création où POSCA entre en jeu, car NASTY aime composer avec les tons roses et violets, jusqu’à se les approprier personnellement.
Les panneaux sont désormais en surface, accrochés aux murs de collectionneurs, et ils attendent une postérité officielle. Ils auront parcouru du chemin, subit une transformation inattendue et pris une valeur inespérée.
Au fil des années, NASTY est constant et productif. Il explique son travail dans les médias, il répond aux sollicitations de ceux qui veulent en savoir plus et s’investit auprès d’association comme ATD Quart monde. Il expérimente, compose avec l’actualité, les réseaux sociaux, les codes en vigueur. Un artiste de son temps qui jongle avec son ego et son expression créative.
Il fait office de bon élève du graffiti, sérieux et déterminé à imposer son style. NASTY fait du NASTY, pour son blackbook du moment ou pour une collaboration avec Monoprix (ci-dessous). Il n’hésite pas à dévoiler son atelier pour des vidéastes curieux, il parle volontiers de son travail et ses influences, et n’oublie jamais de citer le livre Spraycan Art de Henry Chalfant et Martha Cooper. Livre fondateur de toute une génération, édité en 1987, dont ALËXONE nous a parlé se souvenant exactement de sa place dans les rayons de la FNAC des Halles à Paris.
Depuis quelques années, c’est la sculpture, conceptuelle et moderne, qui anime l’artiste. Bombes de peinture compactées figées dans la résine, cubes en verre gravé, tag en 3D… Il essaie de nouvelles choses, plus techniques, plus concrètes. Il customise aussi des objets, toujours avec son style et ses lettres répétées. Soit des nouvelles manières de mettre en perspective son nom. Sans jamais renier le graffiti.
retrouvez le travail de NASTY sur
https://www.theartofnasty.art et https://www.instagram.com/the_art_of_nasty
[On nous dit au coin de l’oreille que NASTY proposera quelque chose à voir et en vrai en septembre…]