Fabrice Laureau fait de la musique avec son frère Nicolas depuis près de 30 ans. Ils viennent de créer un petit label pour sortir des disques entièrement fabriqués à la main, artisanalement, précautionneusement, avec la volonté de ralentir, prendre le temps, créer, mais aussi d’écouter plutôt que de regarder et voir.
Ouvré, c’est de la musique électronique, mais surtout une expérience sonore, à vivre « en vrai » lors de concerts, performances et expositions, dans toute la France et à l’étranger. On a rencontré Fabrice pour en savoir plus sur cette démarche faite de rencontres, de coups de cœur et de passion.
Ça a commencé en 1989 au lycée à Paris avec mon frère Nico avec un groupe que l’on a appelé Prohibition. C’était un mélange de hardcore avec des choses plus métissées, du cithare indien ou du saxophone. À partir de 1999, on a créé un label, Prohibited, pour produire nos disques et les gens autour de nous que l’on trouvait intéressants, qui méritaient un coup de pouce.
Dans la foulée, on a fait un nouveau groupe, NLF3, qui existe toujours. De mon côté, je fais de la musique tout seul depuis 99, plus électronique, sans voix, sans guitares, c’est un projet qui s’appelle F/LOR.
Ouvré, c’est l’idée de faire des choses comme on pouvait les faire à nos débuts, quand un groupe commence et qu’il n’y a que des K7 démos, avant le stade du CD professionnel ou du vinyle. J’ai envie de défendre « l’objet ». Je fais tout de A à Z : j’enregistre les musiciens, je mixe la musique, je leur propose une photo, un vrai tirage, que je vais utiliser comme pochette.
J’ai mis au point une charte graphique avec des petits logos, et j’utilise du Posca et des stylos pour une touche finale. Je redonne le côté artisanal à ce que pourrait être un disque, et l’idée c’est de défendre des gens qui sont dans une certaine liberté de geste et qui sont prêts à tenter ce geste ensemble. On fabrique 50 disques et le peu d’argent que je gagne c’est pour faire celui d’après.
Oui, je pense qu’il faut prendre le temps en ce moment, plus que jamais, réfléchir aux choses, et surtout en faire. Et quand tu fais des choses à la main, en même temps tu peux écouter de la musique, un podcast ou faire le point. Fabriquer avec les mains ça me reconnecte avec une matérialité, pendant ce temps-là je ne suis pas sur Facebook ou en train de regarder ce qui se passe, je fabrique des disques.