NOTY & AROZ se fréquenteraient depuis les bancs de l’école, et c’est naturellement qu’ils ont accepté de travailler ensemble pour remplir la mission ardue confiée par Le Professeur. Ils nous donnent quelques explications :
« On est un duo artistique, on a chacun nos habitudes, nos spécificités, nos compétences, ce qui fait que notre travail est complémentaire. Il y en a un qui est tourné vers la narration, la dramaturgie et la conception, l’autre sur la matérialisation et la réalisation. On touche tous les deux à tout, on travaille à quatre mains de la conceptualisation à la réalisation. Et selon le travail à effectuer, l’un prend le dessus selon son domaine de compétence pour aider l’autre. Et vice-versa. »
Naguère, Le Professeur écrit le livre « La théorie du syncrétisme fictif », il y affirme qu’il est plausible d’identifier les divinités du XXIe siècle. Dans le dernier chapitre, il expose le concept de Mythologeny.
(Un syncrétisme est la synthèse de deux ou plusieurs traits culturels d’origine différente, donnant lieu à des formes culturelles nouvelles.)
(Mythologeny : contraction de mythologie et de génération Y, ensemble des divinités syncrétiques contemporaines. Des nouveaux mythes pour des néo-divinités, dont le masque est la caractéristique visuelle.)
Un soir de printemps, deux jeunes gaillards peinturlurent l’un des murs de la maison du Professeur. Point fâché, il y voit deux novices qu’il dénomme NOTY et AROZ. Il leur transmet son savoir sur la Mythologeny, ils en deviennent les émissaires exclusifs.
https://www.noty-aroz.com/
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Il est celui qui conceptualise, écrit, pose sur papier. Il a une soif insatiable de tout « sachant que la Mythologeny est un mélange de plein de choses ». NOTY se documente sur ce qui est, ce qui s’est passé, concernant les fictions populaires que l’on retrouve dans les comics, la BD, le cinéma et la littérature. Il a un œil sur Tolkien et Lovecraft qui ont créé de vastes mondes, des univers qui ont impacté le réel, dans lesquels peuvent s’exprimer d’autres artistes et une multitude de protagonistes.
NOTY décrypte les mythologies des religions actuelles et passées, comme le christianisme ou les anciens cultes polythéistes. Il a un œil avisé sur l’anthropologie, les croyances tribales, mais aussi la musique comme il l’explique lui-même : « La musique peut être un mélange de plein d’univers, comme le trip-hop, qui est un mélange entre de la rythmique hip-hop et des instruments de la musique classique, du jazz, en passant par la pop et le rock, soit comment dans le mélange on peut créer quelque chose de nouveau. »
Il est en contact avec la matière et les matériaux : la peinture, le bois, le plâtre… Quand les outils ne sont pas ses mains, c’est une perceuse, une ponceuse, une bombe de peinture, un pinceau, un marqueur POSCA qui prennent le relais pour créer. Dans ses influences, on retrouve le graffiti, l’art de rue, et par extension le graphisme, le design, l’objet. Il observe, se promène en levant les yeux pour découvrir et redécouvrir une architecture quotidienne qui traverse le temps. Il veut savoir et comprendre, il entre dans les arrière-cours pour découvrir l’envers du décor, comme il retournera une broderie pour mieux comprendre l’enchevêtrement des fils.
« La Mythologeny est une mythologie contemporaine. L’idée, c’est de découvrir un Panthéon émergent à travers des divinités qui suivent une certaine logique dans leur construction, mais aussi dans les contraintes qui leur sont imposées tel que le masque. Ce Panthéon doit traiter de nouvelles thématiques telles que l’intelligence artificielle, le racisme, l’écologie, le capitalisme… Ce sont des thématiques modernes, et on a besoin de nouvelles divinités qui ont leurs propres mythes pour transmettre des valeurs et susciter des questionnements. Et qui vont nous permettre de mieux appréhender et comprendre le monde.
Les saisons et les épisodes font référence aux univers de la pop culture comme la science-fiction ou les récits d’épouvante… À ce jour, on en est à la troisième saison, il y a cinq épisodes par saison qui correspondent à cinq univers fictifs. Mais on est sur le point d’en révéler d’autres, donc on ne s’arrêtera pas à cinq. Et comme n’importe quelle mythologie, on a notre numérologie et notre façon d’avancer qui nous est propre, qui nous permet de travailler autour de nos concepts.
La saison 3 est une saison féminine, sachant que les saisons 1 et 2 n’étaient pas exclusivement masculines. Étant donné que l’on parle de personnages masqués issus de la pop culture, peu sont féminins, et on a remarqué que la plupart du temps elles n’étaient pas masquées. Ça nous a forcés à travailler sur la symbolique du masque, qui peut aussi être la transfiguration, la métamorphose, le changement de visage pour accomplir une mission divine… »
« Dans la constitution de notre Panthéon il y a plusieurs étapes. La première consiste à trouver un personnage qui corresponde à notre numérologie et nos contraintes. Il faut qu’il soit masqué, issu d’un univers fictif, en rapport avec l’épisode à venir. On a cette volonté de travailler à mi-chemin entre le populaire et le sacré, donc c’est important de travailler avec des personnages que tout le monde connaît. Une fois que l’on a trouvé un caractère intéressant qui réponde à une problématique contemporaine, on passe à la deuxième étape : on cherche une civilisation ancienne qui a marqué le monde et qui pourrait correspondre à notre personnage pour l’ancrer et le resacraliser, lui apporter une touche sacrée.
Pour ça, on fait une analyse comparative, puis on va élaborer des liens qui apporteront du corps au mythe. Ensuite, on fait un travail de recherche graphique, on collecte des symboles communs aux univers qui puissent se répondre. La quatrième étape, c’est la création du visuel. On va opérer un syncrétisme pour créer un troisième concept. C’est du syncrétisme graphique, donc un nouveau visuel, un nouveau masque, emblématique de cette néo-divinité.
Quand on a graphiquement notre interprétation de notre personnage, on le décline à travers différentes œuvres, différents styles graphiques, ce qui nous permettra de raconter son histoire, de répandre et prêcher sa parole. Avec cette dernière étape, on essaie aussi de savoir si on a visé juste, et si dans le monde il y a eu une histoire qui montre que finalement cette divinité que nous avons interprétée graphiquement pourrait être le symbole d’un mouvement spirituel qui serait en train d’émerger. »
« Quand on a crée un nouveau personnage, ça devient un socle de création pour d’autres artistes. On n’est pas obligé d’être les seuls à représenter la Mythologeny. Au contraire, plus d’artistes travailleront autour de ce concept, plus la parole du Professeur pourra se répandre facilement.
C’est comme dans l’art religieux, il n’y a pas un artiste qui a représenté Jésus sur la croix, mais des milliers à travers différents styles et supports, de la gravure à la peinture, de la mosaïque… Toutes les formes d’expressions artistiques y sont passées. Aujourd’hui, on s’exprime à travers l’art graphique, le dessin et la sculpture, il y a aussi la vidéo et la BD, mais on n’est pas à l’abri de voir émerger un jour un spectacle mythologénien ou un Mythologeny Big Band ! »
Qui dit série dit spin-off. NOTY a récemment fait une sortie de route illustrée liée à l’actualité pandémique de ces derniers mois, il s’en explique : « Ça faisait un moment que je voulais travailler sur les univers alternatifs autour de la Mythologeny. Comme il peut y avoir des courants divergents de mouvements religieux ou des univers alternatifs comme la série Marvel Zombies, je trouvais rigolo de réagir à la pandémie en imaginant les divinités en mode zombie.
Ça ne s’inscrit pas dans la grande démarche officielle, c’est un à-côté pour me faire plaisir, que j’ai réalisé à l’aquarelle principalement. D’ailleurs une deuxième vague est en train d’arriver, du coup je vais commencer la deuxième saison avec les personnages manquants dans les prochains jours ! »