Phil Evans est un vidéaste irlandais, il a fait des vidéos de skate tout en Super 8, et il aime par-dessus tout expérimenter les images, le dessin, la musique et en faire des films parfois étranges et conceptuels. Il aime la matière et l’incertitude, les essais aléatoires et les accidents heureux, et tout cela se passe dans un atelier-laboratoire que l’on aimerait bien visiter !
Dans la vidéo ci-dessus, il utilise des PC-1MR pour façonner des smileys de toutes les couleurs sur de la pellicule vierge qui ne fait que 8 millimètres de large. Ensuite, il peut faire passer la bande dans un projecteur pour diffuser ce qu’il y a sur la pellicule ou scanner les images pour en faire une vidéo.
Le rendu est syncopé, coloré et énigmatique, pourtant ces animations peuvent parfaitement se fondre et confondre dans un film plus classique. C’est ce que Phil a fait avec Super London, qui met à l’honneur la capitale anglaise, ses skateurs et son métro…
Phil scanne aussi ses bandes Super 8 et donne ainsi vie à chaque doodle en numérique. Il en fait des posters (dispo sur son site pour soutenir ses prochains projets), et parfois ils finissent en couverture de magazine – papier ! – de skate (ci-dessous). Prenons le temps de faire des belles choses et de les regarder !
On a demandé à Phil de nous en dire plus sur ce nouveau travail : « J’ai commencé à utiliser cette technique il y a de nombreuses années sur des pellicules déjà développées [donc avec des images dessus], mais je trouvais cela assez limité, car elles absorbaient très mal l’encre. En plus, il ne fallait pas recouvrir complètement l’image sur laquelle on dessinait.
Après ça, j’ai dessiné sur du white leader — de la pellicule blanche qui sert à introduire le film dans les projecteurs et les scanners — comme il n’y avait pas d’image dessus, je pouvais le recouvrir d’encre et de peinture. Je n’avais que quelques petites bandes, donc ça n’a pas duré très longtemps, et j’ai dû improviser et trouver une nouvelle toile. Par chance, j’avais tout un stock de pellicules Super 8 périmées des années 80, qui étaient de toute façon très difficiles à développer.
J’ai ouvert les cartouches et j’ai commencé à dessiner sur le film. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment été inspiré, car j’avais des centaines de mètres disponibles ! Comme c’est une pellicule non exposée, elle est noire, ce qui offre une toile très différente et beaucoup plus « cinématographique » que le leader blanc. »
« À chaque fois que je crée une animation sur ces petites bandes, c’est une improvisation totale. Le cadre fait 8 millimètres de large et je ne peux pas vraiment voir ce que j’ai fait avant que le film ne soit scanné, c’est donc toujours une surprise quand je découvre le résultat. L’étape suivante a été de prendre ces animations et d’en faire de grandes séquences en grille — une idée qui m’est venue en découvrant l’art de Bridget Riley.
Un autre élément qui a toujours été une énorme source d’inspiration pour moi, c’est la musique ! La musique est souvent le point de départ de la plupart de mes idées : j’entends une chanson qui me plaît, et ça fait naître une idée pour une animation, une vidéo de skate, un clip ou peu importe… et comme j’ai fait beaucoup de ces animations cet hiver, la plupart des idées musicales que j’ai eues y ont été intégrées.
Quand j’ai commencé à dessiner sur des bandes Super 8, des proches m’ont dit que je devrais créer des visuels à partir de ces séquences — c’est à ce moment-là que j’ai commencé à faire des tirages sur papier à partir des animations, et le résultat est plutôt chouette. La suite, c’est des nouveaux tirages, une exposition et organiser des ateliers. »
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