C’est un privilège de pénétrer dans l’antre de création d’un artiste. Espace intime, refuge solitaire ou encore dojo de création, chaque atelier est différent. Grand, petit, étriqué, vaste, épuré ou alors bordélique, ils ont tous un cachet qui reflète celui qui le hante. Quand on va chez ALËXONE, on traverse le périphérique, on se retrouve dans l’Est parisien, un quartier résidentiel aux petites rues serrées. On entre dans une cour, un immeuble moderne nous accueille et sur le mur du fond une fresque colorée aux pingouins fantasques. On y est.
On entre et on trouve un long couloir impersonnel, une simple porte à gauche et on pénètre dans un petit vestibule encombré. Une sorte de sas d’immersion et on en a déjà plein les yeux. Couleurs, posters, monographies d’artistes, planches de skateboard, figurines, bibelots, tableaux, étagères débordantes et mezzanine inondée, l’étroit passage nous fait naviguer à vue.
Trois pas plus tard, sous une large verrière, la première chose qui saute aux yeux ce sont des murs remplis de toiles en cours, finalisées ou en attente. Grandes, petites, moyennes, elles sont scintillantes et chatoyantes, vives et chaudes, envahies littéralement de formes, et l’on reconnait bien évidemment ce fameux pingouin qui tapisse l’œuvre de l’artiste. Tapis au sol, tubes de peinture, croquis, il faut faire attention pour ne pas piétiner un feutre ou renverser un verre d’eau pigmentée.
Une petite étagère à roulettes dessert peinture, pinceaux, feutres et pastels entamées, plumes et encres de Chine. Quelques meubles en bois sont posées sous des tas de cadres, stickers, babioles et bibelots, dessins à finir. Des sculptures se côtoient, lisses et rondes, familières et en résonnance avec le bestiaire entoilé.
Entassé contre les murs, ce sont châssis, tréteaux, tissus et tubes qui tiennent la distance avec le blanc lisse et poncé des parois. Au plafond, une clim tourne et on aperçoit le ciel en grand. Au fond à droite une petite cuisinette, un frigo, du thé glacé maison dedans et une inévitable théière dans le lavabo aux éclaboussures dégradées. Encore des centaines de livres dans un classique meuble Ikea aux carrés superposés.
Retour dans le rectangle principal, et l’une des pièces maitresse autour de laquelle tout se passe, c’est le fauteuil. On l’aperçoit dans des vidéos ou alors en photo avec le maître de céans enfoncé dedans. Il est profond, très profond, confortable, et on a du mal à s’en extirper, manifestement. On peut le bouger aisément, le mettre en face de la toile de 6,5 mètres de large, ou de long selon la perspective choisie.
On sent que Monsieur Dizac y passe du temps en contemplant son œuvre. Et c’est aussi là qu’il s’installe pour répondre à nos questions, et découper soigneusement son gâteau au chocolat de chez Monoprix. Un très bon selon notre hôte, connaisseur.
L’artiste Alexandre Dizac, aussi connu en tant que Alëxone, exposera à Nancy, à la Galerie Poirel à partir du 20 mai 2022. Son nom circule depuis les années 90, associé au graffiti, et depuis dix ans, il expérimente et créé dans son atelier à Ivry, en banlieue parisienne. Cette exposition « À COEUR OUVERT » présente un large panel de son travail au cours des années, du croquis aux toiles, il dévoile son univers et les univers qu’il aime à fabriquer. Il y aura aussi des ateliers POSCA avec les plus jeune, une occasion unique de rencontrer un artiste de son temps.
Galerie POIREL
3 Rue Victor Poirel
54000 Nancy
du 20 mai au 02 octobre 2022
Ouvert du mardi au dimanche, de 14h à 18h
Fermé le lundi et les 14 juillet et 15 août