Un bestiaire est une représentation graphique d’animaux par un artiste, peintre, dessinateur ou amateur de couleurs. C’est un concept ancestral. Il a toujours existé, sous une forme à peu près identique et aussi loin que l’on puisse s’en rappeler. C’est comme les galets peints, que l’on redécouvre au 21è siècle et qui sont devenus un univers à part entière, thérapeutique et social. Ils étaient là bien avant… il y a très longtemps.
Les représentations d’animaux sont probablement liées à ce que l’homme, à ses débuts en tant qu’homme, avait sous les yeux au quotidien. Soit une faune hostile qu’il fallait affronter, combattre, puis manger pour survivre. Il a tout naturellement dessiné cette faune sur les parois des grottes dans lesquelles il vivait, instinctivement et à l’identique, pour laisser sa trace. Lascaux est l’un de ces lieux préhistoriques qui accueille un bestiaire, d’ailleurs nous n’avons pas toutes les réponses le concernant, et des théories s’affrontent encore aujourd’hui sur ces formes et représentations.
Rapidement les hommes s’identifient aux animaux, ils apparaitront sur les blasons et armoiries des champs de bataille pour que les combattants s’y retrouvent. Puis avec le temps, les mythes, l’écriture et l’imprimerie, le bestiaire prend de nouvelles formes. Il est imprimé dans les livres et illustre les encyclopédies quand certains se mettent en tête de répertorier notre Terre. On retrouve aussi les animaux, imaginaires ou non, dans les contes et récits, de la Bible aux Fables de La Fontaine. Les animaux acquièrent une place à part dans la société, ils s’anthropomorphisent, on les fait parler, ils deviennent des personnages qui critiqueront pouvoir et pouvoirs. Ils sont symboliques et deviennent allégoriques, ils peuplent les imaginaires et sont ainsi très influents dans les inconscients collectifs des peuples, des communautés et des croyants.
Les artistes n’ont pas mis longtemps avant de s’approprier le bestiaire. Ils l’ont reproduit, créé des nouveaux, détourné ceux des autres pour mieux s’exprimer. Ils ont gravé et dessiné nos animaux, ils les ont mélangés, et démultipliés leurs aspects, leurs formes et leurs caractéristiques. Voici quatre artistes qui ont un attrait particulier pour les animaux, ils ont chacun les leurs, et ils font pourtant partie du même monde…
Aude est une collaboratrice régulière de POSCA, on la retrouve d’ailleurs sur ce site, où elle nous parle de son livre de coloriage, via France Culture. Une consécration pour cette artiste qui s’est jetée dans le grand bain il n’y a pas si longtemps. Ses images sont simples : des traits fins, des détails et des couleurs. On retrouve des poissons, des fauves et des insectes, les séries sont aléatoires, ce sont ses lubies du moment. Sur des Moleskine classiques, des vestes en jean, des toiles ou de simples feuilles de papier, mais aussi au bord de la plage ou alors à l’autres bout du monde, Aude est inspirée par l’environnement quand elle dessine. En termes d’outils, ses POSCA et autres stylos Uni-Ball l’accompagneront lors de ses périples illustrés, ils sont l’ultime maillon de la chaîne pour plaisir et partage.
On ne pouvait pas parler de bestiaire sans évoquer Bault. On avait discuté longuement avec lui et même réalisé une vidéo sur son travail il y a quelques années de cela. Il était entre le papier et le mur et on le retrouvait aussi en galerie. Puis son bestiaire s’est agrandi, il a débordé, il est passé des murs aux toiles et aux ustensiles de cuisine. Aujourd’hui, il a pris un nouveau virage, en bois et en mode DIY, c’est à découvrir sur son compte Instagram.
Les animaux de Bault sont parfois classiques, mais on retient surtout ceux qui sont en provenance des tréfonds de son cerveau, ils peuplent un recoin difficile d’accès, ils y vivent reclus. Parfois ils sortent, ils éructent et ils parsèment carnets, murs et feuilles volantes. Ils sont hybrides, mélangés, distordus et difformes, archi-colorés et fascinants. Quand on les regarde on cherche toujours à les lier à la réalité qui est la nôtre, et c’est tout un travail !
On retrouve de nouveau Julia, une autre spécialiste des animaux et des couleurs, avec qui l’on a collaboré pour une mallette, et qui a eu la chance de tester nos fameuses nouvelles couleurs en ce début d’année. Son bestiaire est classique, tout en rondeur, les animaux figuratifs, à l’essentiel, doux et sympathiques. Les couleur sont peu nombreuses et pas toujours liées à la réalité. Les pelages sont épurés, les fonds unis, Julia ne garde que l’essentiel, les courbes et les silhouettes, pour mieux mettre en valeur cette faune colorée qui l’anime.
https://www.instagram.com/juliavanleeuwen_illustraties/
https://www.juliavanleeuwenillustraties.nl/
Soy Panday a été skateur professionnel dans les années 2000, puis illustrateur lorsqu’il a entamé la décennie suivante. On le retrouve derrière les dessins des planches Magenta, mais aussi sur ce site pour une vidéo fameuse entre humour et custo (à découvrir ci-dessous). Les animaux peuplent son imaginaire, ils sont fantasmagoriques, ils parcourent les dimensions et cavalent de l’une à l’autre. Ils sont signifiants et jamais là par hasard. On est dans un bestiaire mystique, un travail de longue haleine, une œuvre dont l’évolution est perceptible au fil des ans. Il est à l’opposé d’un Bault dont le bestiaire s’est échappé de son zoo personnel et fantasque. Plus récemment, Soy réalise des portraits de ses proches, et ça commence avec la représentation d’un animal totem, qui va interagir dans un environnement fait de symboles et de symbolique, une cosmogonie qui n’appartient qu’à celui qui est représenté. Un délire de l’artiste ?