On a déjà parlé de Jérôme Thomas sur ce site, il y raconte son parcours, et voici une autre corde à son arc. Inspiré par les photos de ses amis photographes, il a développé un travail de rehaut, soit ajouter des éléments graphiques sur des tirages de paysages urbains exceptionnels.
Traits fins, tags, slogans, crews, dédicaces et autres symboles et logos, la ville est saturée, à la manière de la pichação brésilienne, cette forme de graffiti mural grandiloquente avec ses lettrages qui zèbrent les immeubles de haut en bas, où le risque est partie intégrante de la réalisation.
De nombreuses heures de travail, des PC-1MR et PC-1MC et ses inévitables lunettes binoculaires, Jérôme agrémente de milliers de détails tirés de son passé des panoramas urbains qui deviennent des quartiers tout droit sortis de dystopies telles que le film Blade Runner les a représentés.
Concernant BLAZE RUNNER, Jérôme en dit un peu plus quant à ses intentions (le texte intégral ici) :
« C’est une plongée dans mes souvenirs, comme Jacques Mayol qui pénètre le grand bleu, un nom sort, Daco, un crew, SCC, puis un autre Midi, ABC, encore un autre, Aise, ODK, Fabe, ELC, Soaf, SWC, Bore, OMT, Taroe, TER, Chok, STS, Reamz, CLM, Trane, UVTPK, Mille, Obao, Ery.2 TCP et ainsi de suite.
Des writers rencontrés à des époques et des âges différents. Le graffiti a traversé ma vie sans la griller. Je fais sans cesse appel à ma mémoire qui est marquée d’anecdotes vécues ou entendues. Le graffiti est un milieu constitué de tellement de légendes urbaines, la plongée est infinie. »
BLAZE RUNNER
70/100 cm – impression sur papier japonais 190 grammes
20 exemplaires
Collaboration avec le photographe Jéremy Marais
« Il est 19h30, quartier de Times Square à Hong Kong, je rejoins un ami pour l’exploration d’un complexe désaffecté qui se situe en pleine ville. Après un tour du pâté d’immeubles, le lieu est vaste, avec un city stade en ruine. Nous avons repéré le bureau des gardiens ainsi qu’un accès suffisamment discret à condition d’être rapide.
Un dernier check up et on se lance. L’entrée se fait sans trop de difficulté et on commence à s’enfoncer dans ce dédale urbain. Le premier bâtiment est ce qu’on appelle une coquille, un endroit vide en terme urbex, pas grand chose à voir et rien à photographier. Nous montons rapidement pour trouver un accès au toit et aux autres immeubles.
Alors que nous traversons un toit, nous entendons, puis voyons un gardien faire sa ronde. À découvert, on s’allonge plutôt que de poursuivre. On attendra de le voir retourner à son bureau avant de se remettre en marche.
Le deuxième bâtiment est aussi une déception jusqu’à ce qu’on arrive sur le toit. Là, c’est le jackpot visuel. Un point de vue incroyable sur les immeubles qui nous entourent !
Suffisamment cachés pour avoir peu de chance d’être repérés et assez proches pour prendre conscience du nombre ahurissant de logements et de leur petite taille. Je peux quasiment regarder la télévision avec les résidents ! Je fais une série de photo, j’en choisis une et je l’envoie à Jérôme qui y ajoutera sa touche. »
https://jeremymarais.com
https://www.instagram.com/jeremy.marais