DARK est un jeune artiste parisien, il est à la croisée de plusieurs disciplines qu’il a su faire converger vers des œuvres qui lui appartiennent. De la calligraphie à la typographie, c’est d’après un alphabet imaginaire qu’il fusionne ses lettres avec des personnages de sa pop culture. Il les dessine, les indexe dans son iPhone et selon l’inspiration les concrétisera sur un mur, en 3D ou dans un cadre classique en relief boisé et coloré.
À l’occasion de sa deuxième exposition à la galerie ErbK à Paris, on est allé lui rendre visite à La Cale, un atelier de Montrouge où des artistes cohabitent, collaborent et travaillent. Un lieu dédié à la création où DARK est le benjamin de l’histoire et ne cesse d’apprendre de ses pairs. En voici un peu plus sur son travail et ses inspirations.
DARK s’installe un mois à la galerie ErbK au cœur de Saint-Germain-des-Prés à Paris pour sa deuxième exposition. Ce sont 35 nouvelles œuvres qui seront présentées, et il y aura au cours de ce mois plusieurs événements, notamment un live-painting de la devanture, qui est une spécialité de la galerie.
Né en 1996, le jeune artiste passe aisément du mur à la plume, de formes abstraites à des formes calligraphiées, il explore un univers lent qui nécessite précision et calme. Adepte d’un tracé esthétique, il sera aussi à l’aise avec des alphabets imaginaires que lorsqu’il invente ses toons, qui feront partie de son bestiaire personnel.
@erbkgallery
64 rue Mazarine
75006 Paris
le catalogue de l’expo en PDF
Avant d’être DARK, le jeune homme était au lycée et c’est à 15 ans que le dessin et le graffiti entrent dans sa vie : son camarade de pupitre est un fervent pratiquant et lui enseigne les bases. Et c’est au hasard d’un cadavre-exquis-graffiti, pendant le cours d’histoire, que le mot DARK apparaît, il le choisira comme pseudonyme.
Ensuite, ce sont des études de graphisme, trois années pendant lesquelles il apprend les gestes essentiels et les applique au quotidien pour les perfectionner. C’est le début des premiers jobs graphiques : école le jour, peinture rémunérée la nuit. Après la licence, il se jette dans les fresques de jour, et enchaîne les projets depuis.
Quand on lui demande quels sont les héros de sa culture, DARK invite les Pokémons dans la boucle, en dessins-animés et jeux vidéos, par contre il n’est pas féru de la folie récente des cartes à jouer. Mario Kart, Zelda, Stitch et Lilo sont de la party. Et étonnamment, il évoque l’univers centenaire de Tex Avery et ses animaux farfelus et débridés : Bugs Bunny, Elmer, Bip Bip, Sylvestre, Porky… Ils sont réquisitionnés sur papier, calligraphiés ou au pied du mur. Le cinéma et les films sont aussi importants, il évoque Kill Bill spontanément, puis une série de films d’horreur qui l’ont esthétiquement marqué.
C’est la calligraphie qui sera sa discipline de prédilection, il l’étudie à l’école avec Gia Tran, un maître de la discipline, et le soir le jeune artiste répète convulsivement les gestes pour noircir pages de cahiers. Un geste automatique qu’il appliquera sur les murs pour des fresques qui lui apporteront street cred’ et notoriété.
Sa marotte, c’est de créer des alphabets aux centaines de lettres qui fusionneront avec des personnages précités. Consciemment ou inconsciemment, la lettre inspire le personnage ou le contraire ? En 2018, ça devient une préoccupation plus préoccupante, ça prend forme dans sa chambre puis dans la rue, puis Instagram se charge de diffuser ses créations qui vont parcourir les réseaux.
Toutes ses lettres transformées, il les considère comme son Pokédex (là, il faut suivre le lien si vous avez raté le train Pokémon). Un répertoire fourni, soigneusement rangé dans son téléphone, accessible rapidement pour répondre à toutes éventualités.
L’un de ses premiers forfaits officiels se passe dans le XIIIè arrondissement de Paris, rue du docteur Laurent. Il réalise une fresque de 30 mètres de long sur 6 de haut. C’est le jour de ses 22 ans, il en garde un souvenir impérissable, en équilibre précaire, et collectionne une série de bleus le long des tibias, preuve que les barreaux étaient rigides.
En 2020, nouvelle étape décisive pour DARK, il devient membre de La Cale, un bouillonnant lieu artistique à la lisière de Paris. Une petite maison d’une petite rue calme de Montrouge où se côtoie une dizaine d’artistes, notamment le duo Noty & Aroz, gourous créatifs et réflectifs.
Forcément, quand on est le benjamin de cette grande famille, on y a une place particulière et on progresse vite. Son travail va prendre de la densité, évoluer en 3D, jusqu’à ce que la scie sauteuse lui ouvre un nouveau panel de gestes. Mais ça, vous le découvrirez en venant voir sa nouvelle exposition !