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Quand DTONE revisite le film ‘Do the Right Thing’ de Spike Lee

22.11.2024
 La  première  fois,  je  n'ai  pas  essayé  de  comprendre  le  film,  je  l'ai  vécu 

film culte, scènes classiques

On est allé rendre visite à DTONE, Jean-Marie dans le civil, pour qu’il nous donne des détails sur une série d’illustrations qu’il a concoctée en hommage au film de Spike Lee, sorti en 1989, Do the Right Thing. Un long-métrage qui est une chronique estivale aux tensions palpables qui tournent mal.

C’est aussi un film qui a pu être qualifié de hip-hop, tant Spike Lee fait référence à cette culture via les images, les vêtements et la musique. Un choc pour un jeune Jean-Marie qui obtient un trousseau de clefs conséquents qui va lui permettre d’ouvrir les portes et les pans des possibles, qu’il intégrera plus tard à son travail. C’est à lire ci-dessous !

https://www.instagram.com/dtone_
DTONE X Hollington X POSCA

Do the Right Thing, le film
chronique d’un été moite à Brooklyn

Une chaleur écrasante, une atmosphère humide, Brooklyn, et une poignée de personnages qui vivent et cohabitent autour de la pizzeria italienne du coin. Des tensions existent, elles s’intensifient et le film en présente les conséquences. Le quartier s’embrase, ainsi que la pizzeria, les différents protagonistes font des choix, pour un constat triste et sans appel.

Un film poignant, instantanément culte et classique, malheureusement prophétique, qui montre une Amérique aux Américains vivant côte à côte, sans se comprendre et sans chercher à le faire. Un must see pour en savoir plus sur ce pays qui ne cesse de fasciner, et dont les us et coutumes sont toujours difficiles à appréhender.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Do_the_Right_Thing

Comment tu découvres le film Do the Right Thing ?

En 1989, à sa sortie, je le découvre grâce au groupe de rap Public Enemy dont la musique était dans le film, et que je connaissais. En sortant, je suis un peu déçu, je m’attendais à un film sur le hip-hop et en fin de compte c’est un drame psychologique. Mais je suis conscient d’avoir vu quelque chose de particulier qui marquera l’histoire. Je n’ai pas tout compris, mais j’ai senti que j’avais vu un classique. Énormément touché par les images et l’atmosphère du film.

Qu’est-ce qui a pu t’échapper ?

J’étais jeune et je m’attendais à voir autre chose. C’est un film qui se regarde, mais c’est surtout un film qui se comprend. Et ce qui m’a accroché c’est ce moment de l’été dans la ville. Et j’étais conscient qu’on m’avait donné plein d’éléments et qu’il fallait que je les remette dans le bon ordre. C’est un film que j’ai pu voir… une vingtaine de fois ! – c’était ma dernière question ! – Ah, désolé ! (Rires.) En tout cas à chaque visionnage, j’ai eu une approche différente.

 

Quel a été l’impact du film sur toi ?

Un impact majeur. Et pour la petite anecdote, en sortant du cinéma des Halles à Paris on est allés à la Fontaine de Innocents. Il y avait un crew de gars du Posse 501, des potes du rappeur MC Solaar, et ils étaient tous sapés comme dans le film. Ils étaient un peu plus âgés que moi et quand je les vois je fais la connexion avec ce que l’on vient de voir. Ça m’a interpellé, donc j’ai eu encore plus d’intérêt pour la culture hip-hop, et surtout essayer de la comprendre. Ayant fait la démarche de me déplacer, de voir un film, je voulais aller encore plus loin, comprendre et connaître tous les codes.

C’est comme une toile de maître, et c’est aussi le premier film de Spike Lee que je voyais, tu la regardes, tu peux même rester assis devant et tu vas toujours voir et découvrir des choses. Et en fin de compte, l’histoire du film, tu peux la transposer aujourd’hui. C’est une œuvre majeure, qui m’a interpellé, puis touché. C’est comme une toile de maître, c’est intemporel.

 Une  œuvre  d'art  (...),  tu  ne  peux  qu'observer  ce  qu'elle  suscite. 

Quels sont les visuels ou détails qui t’ont marqué ?

Déjà, selon moi, ce film a inspiré l’industrie de la basket (sneaker) dans le monde entier. Et avec les détails, on comprend que tout est lié, au réalisateur et à la « ligne éditoriale » de ses films. Ces détails ce sont des références, mais aussi des propositions, tout simplement. Le personnage de Radio Raheem et ses bagues LOVE / HATE sont une image forte, mais si tu creuses, c’est une référence au film La nuit du chasseur avec Robert Mitchum. Do the Right Thing, c’est une bibliothèque, il te donne un accès, une clé, et c’est à toi de t’en servir. En passant par l’œuvre, tu peux aller autre part.

Quand j’ai exposé en 2013 la série Street Machine, il y avait des gens qui n’étaient pas de ma génération qui me disaient : « J’aime bien la Jordan », « J’aime cette image de New York… », et s’ils ne connaissaient pas Spike Lee, on en parlait, et parfois certains revenaient après avoir vu ses films, et ils avaient les clefs pour comprendre plus de choses dans ce que je proposais. Et c’est passionnant d’écouter quelqu’un qui te donne son interprétation.

Trente ans après sa sortie, qu’est-ce qui te motive à dessiner ce film ?

Au début, j’étais parti pour dessiner quelques images que j’avais en tête. Et finalement, j’ai recomposé les scènes : j’ai choisi des personnages clés et j’ai raconté une scène en une seule image. Le moment avec la Jordan et Buggin’ Out, comme je l’ai dessiné, n’existe pas dans le film, j’ai fait une image avec les personnages et les différents éléments que l’on voit dans la scène. Et finalement, les images qui me sont restées en tête, ce sont celles que j’ai retenues la première fois que j’ai vu le film. La première fois, je n’ai pas essayé de comprendre le film, je l’ai vécu. J’ai lâché prise et j’ai regardé. Et ce que j’ai dessiné, ce sont les souvenirs de quand j’avais 18 ans.

Et si tu dois te rappeler un seul détail de ce film, ce serait quoi ?

Si je fais l’effort de me rappeler, c’est une luminosité qui me vient en tête. Depuis que je suis tout petit il y a des luminosités qui me rappellent des moments précis de ma vie, des ambiances. Et dans ce film, c’est la luminosité, son côté sépia, le côté moite quand Mookie est dans la chambre que je retiens. Souvent dans ma peinture, j’essaie, je m’efforce, de donner une impression d’atmosphère. Mais faire ressentir un sentiment, un malaise, ça n’est pas visuel, c’est du ressenti, et il n’y a que toi qui le ressens. C’est un peu comme un enfant : tu le mets au monde, mais ça n’est pas un clone, tu ne peux que regarder ce qu’il devient. Une œuvre d’art, c’est un peu la même chose, tu ne peux qu’observer ce qu’elle suscite.

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